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10 ans de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones: quel bilan?

12.09.2017

Le 13 septembre 2007, les Nations Unies adoptaient la Déclaration sur les droits des peuples autochtones (la DNUDPA). Adoptée par l’Assemblée Générale après 25 ans de négociations entre États, acteurs internationaux et peuples autochtones eux-mêmes, la DNUDPA entend fixer un cadre international pour les droits des peuples autochtones. Interdisant toute discrimination à leur encontre, cette Déclaration encourage leur participation pleine et effective, et ce dans tout domaine les concernant de près comme de loin.

Où en est-on 10 ans après cette adoption? Pour faire le bilan de ce texte ambitieux, France Libertés donne la parole à 4 représentants de peuples autochtones :

  • Herson Huinca-Puitrin, Mapuche, Chili
  • Patricia Gualinga, Kichwa de Sarayaku, Équateur
  • Hindou Oumarou Ibrahim, Peule Mbororo, Tchad
  • Kiri Toki, Maori, Nouvelle-Zélande.

Leurs analyses révèlent des résultats mitigés.

Les peuples autochtones sur la scène internationale

Les peuples autochtones ont participé à l’élaboration de la DNUPDA, véritable instrument de droit international. Herson Huinca-Puitrin rappelle cette présence des autochtones à la table des négociations : « L’adoption par l’ONU de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones est le produit de plusieurs décennies de travail pour les droits autochtones. La participation dans les salles des représentants autochtones venus du monde entier a généré discussions, négociations et approbation de l’ensemble de ses articles ».

Kiri-Toki

Kiri Toki

Cette déclaration a permis une présence de plus en plus accrue des peuples autochtones sur la scène internationale, leur permettant de porter plus haut leurs messages. C’est ce que pointe Kiri Toki qui estime que « dans les dix courtes années depuis l’adoption de ce texte, le discours et la visibilité des peuples autochtones sont devenus plus prononcés, surtout dans le système des Nations Unies ».

De même, pour Herson Huinca-Puitrin, on peut dire que « l’adoption de cette déclaration par l’Assemblée générale est une des meilleures avancées en matières de droits des peuples autochtones ».

Une mise en œuvre trop partielle

Cependant, la question de son application reste problématique. Herson Huinca-Puitrin estime que « pour plusieurs États la reconnaissance des peuples autochtones est restée seulement sur le papier ou dans les discours ».

patricia-gualinga - amazonwatch

Patricia Gualinga

Pour Patricia Gualinga, « bien que nos droits collectifs soient reconnus par la Constitution, il y a de sérieux problèmes avec sa mise en application. Les gouvernements placent les intérêts économiques au-dessus des droits des peuples autochtones, qu’ils continuent de violer, notamment par l’exploitation des ressources de nos territoires ».

Elle rappelle que la communauté Sarayaku a porté devant la Cour interaméricaine des droits de l’homme un cas lié à un projet d’exploitation pétrolière sur leur territoire. En 2012, la Cour a déclaré que l’État équatorien était responsable de la violation de droits collectifs et qu’il n’a pas respecté le droit au consentement. Ce droit est véritablement central dans la DNUPDA. Son application reste un défi majeur pour les années à venir.

Herson Huinca Puitrin

Herson Huinca Puitrin

La nécessaire décolonisation des mentalités

Pour Herson Huinca-Puitrin, un des freins à l’application de la Déclaration réside dans le poids de la colonisation de ces peuples. Il considère que « la décolonisation des mentalités des élites politiques comme de la société non autochtone est nécessaire. La normalisation du racisme dans les sociétés coloniales est un des moteurs qui empêche le respect des droits des peuples autochtones ».

Kiri Toki rappelle, elle aussi, qu’il est « important de se souvenir que la DNUDPA vise les effets de centaines d’années d’expériences coloniales différentes ».

Donner la parole aux peuples autochtones

Hindou Oumarou Ibrahim

Hindou Oumarou Ibrahim

« Pour que les droits des peuples autochtones soient mis en œuvre et respectés, il faut tout d’abord nous donner la parole, nous écouter et nous faire participer dans les instances de prise de décision au niveau local, national ainsi qu’au niveau international » affirme Hindou Oumarou Ibrahim.

France Libertés soutient les peuples autochtones dans leurs actions et se fait le relai de leurs propres messages. Ils sont mieux placés que quiconque pour évoquer leurs problèmes et les solutions à envisager.