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Droits des peuples autochtones: « Il reste du chemin à parcourir »

18.10.2017

Témoignages autochtones [3/4]. 10 ans après l’adoption de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones par les Nations unies, où en est-on ? Kiri Toki, Maori, témoigne.

La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (la DNUDPA) a été adoptée par l’Assemblée Générale des Nations unies le 13 septembre 2007, après 25 ans de négociations entre les États, les acteurs internationaux et les peuples autochtones eux-mêmes. Ce texte est devenu la référence de l’ONU pour le respect des droits des peuples autochtones. Il affirme leur droit à l’autodétermination, au choix de leur développement, à la sécurité de leurs terres, ressources naturelles et savoirs traditionnels.

Par sa nature-même de « déclaration », ce texte est porteur d’une force morale mais n’a pas de valeur juridique contraignante. Il est donc difficile d’inciter les États récalcitrants à l’appliquer.

En 2017 sont célébrés les dix ans de l’adoption de la DNUDPA. France Libertés laisse la parole aux autochtones, les mieux à même de témoigner des avancées obtenues par la Déclaration et des combats qui restent à mener.

Kiri Toki

Kiri Toki

Kiri Toki est une Maori, de Nouvelle-Zélande. Boursière de l’Organisation Mondiale de la Protection Intellectuelle (OMPI), elle travaille à la division des savoirs traditionnels des peuples autochtones, avec le comité intergouvernemental sur la propriété intellectuelle et les ressources génétiques, les savoirs traditionnels et le folklore.

Replaçant la DNUDPA dans son contexte, elle rappelle que cette dernière avait comme but ambitieux « d’aborder les problèmes des effets de centaines d’années d’expériences coloniales différentes. » Les avancées sont bien là : les peuples autochtones et leurs messages ont gagné en visibilité sur la scène internationale. Les progrès sont significatifs, même s’il « reste du chemin à parcourir avant que les idéaux professés dans la Déclaration de soient mis en place ».

Ce sont des paroles d’apaisement qu’elle prononce : « les peuples autochtones et leurs droits ne sont pas nécessairement menaçants pour les droits des entreprises et des États. […] Il y a des opportunités à saisir, des solutions créatives à trouver pour que les intérêts de tous soient atteints. »

Tanna

Affiche du film Tanna

Il s’agit de valoriser les exemples positifs, les bonnes pratiques, et elle a pu en observer certaines à l’OMPI. Ainsi, le film Tanna a été pensé, travaillé et réalisé en collaboration étroite avec la population locale de l’île Tanna, au Vanuatu. Sorti en 2016, il raconte la fuite d’une jeune fille, promise à un mariage arrangé.

Inspiré d’une histoire vraie de cette petite île du Pacifique ayant abouti à une révision de la Constitution, ce film évoque également la lutte du peuple Yandel pour préserver son mode de vie et ses traditions face au monde moderne. C’est un hommage à l’histoire et à la culture de cette tribu, dont les acteurs sont issus. Les réalisateurs, Bentley Dean et Martin Butler, ont par ailleurs vécu parmi eux pendant le tournage, et conservent encore maintenant des liens étroits. Les autochtones ont été consultés et impliqués à toutes les étapes de la réalisation de ce film.

Pour Kiri Toki, il faut ainsi privilégier les initiatives comme ce film, dans lequel « les peuples autochtones ne sont pas exploités, mais consultés et engagés dans le processus comme partenaires ».