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En ville, changer de regard sur l’eau pour mieux appréhender les inondations

08.06.2016


Les inondations représentent en effet un des principaux facteurs de risque à l’échelle planétaire, causant chaque année des pertes humaines et des dégâts matériels considérables. France Libertés s’engage pour une redéfinition de notre rapport à l’eau en ville, afin de favoriser la résilience des territoires et d’éviter la répétition des catastrophes à moyen et long terme.


Ishara S. Kodikara / AFP


Les inondations meurtrières ayant eu récemment lieu au Sri Lanka, et les images des centaines de milliers d’habitants forcés de fuir Colombo face à l’ampleur des dégâts nous interrogent sur le défi de l’adaptation des territoires aux conséquences à venir du changement climatique. Les épisodes de pluies torrentielles ne sont pourtant pas nouveaux, mais c’est leur fréquence et leur violence qui risque d’augmenter dans les années à venir. La hausse du niveau des mers et les changements de régime des précipitations sont en effet des variables augmentant fortement la vulnérabilité des aires urbaines et côtières face au risque d’inondations.

France Libertés, à travers son engagement pour la reconnaissance du lien réciproque entre gestion de la ressource en eau et changement climatique, plaide pour des mesures d’adaptation au risque d’inondation passant par une redéfinition de notre relation à l’eau. Il est admis que les variations du climat ont un impact indéniable sur le fonctionnement du cycle de l’eau. Mais les perturbations du cycle de l’eau par les activités humaines ont aussi une responsabilité dans l’accélération du dérèglement climatique et de ses effets.

En ville, l’imperméabilisation des sols et la prédominance du bâti minéral favorisent la hausse des températures, créant des différentiels de chaleur avec les périphéries. Ces différentiels favorisent ensuite l’accumulation des dépressions au-dessus des aires urbaines, ayant pour conséquence l’augmentation de la récurrence et de l’intensité des précipitations. Les eaux pluviales retombant en ville sur des terrains imperméables se transforment rapidement en flots puissants qui viennent saturer les réseaux d’assainissement et submerger les zones habitables.

Pour préparer les villes au risque d’inondation, des mesures d’adaptation existent. Des techniques alternatives de gestion des eaux pluviales peuvent être privilégiées : elles favorisent l’infiltration et la rétention des eaux de ruissellement, atténuant ainsi le volume et la puissance des torrents d’eau. Le retour de zones végétalisées et perméables en ville permet lui aussi de retenir les eaux et d’atténuer les potentiels dégâts des inondations. Il faut enfin plus globalement revoir la place accordée à l’eau dans les aires urbaines : historiquement, dans une logique hygiéniste et afin de satisfaire les besoins de croissance urbaine, celle-ci a été canalisée, détournée, cachée. Ces aménagements visant à « domestiquer » l’eau, lorsqu’ils viennent rapidement à saturer, ne sont pas étrangers à l’intensité et à la violence des épisodes d’inondation.

Il est donc désormais crucial de rendre une place à l’eau en ville, en laissant les cours d’eau circuler à l’air libre et en leur accordant des espaces d’expansion en cas de crues, mais aussi en favorisant la désimperméabilisation des surfaces minérales lorsque cela est possible, et en collectant et en infiltrant les eaux pluviales.

Face au défi du changement climatique, ces différentes solutions permettront l’avènement d’une ville de demain plus résiliente.

 

Pour aller plus loin, découvrez l'interview de Martin Guespereau qui propose un grand nombre de mesures concrètes pour lutter contre le changement climatique et s’adapter à ses effets.