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Gaz de schiste et tremblement de terre : Apocalypse annoncée !

16.11.2011



Ces derniers temps, les tremblements de terre se multiplient de façon inquiétante au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Serait-ce pur hasard ? Une simple coïncidence géologique ? Cette théorie ne peut plus vraiment être défendue depuis le 5 novembre dernier lorsqu’un séisme de magnitude 5,6 a secoué l’Oklahoma, un Etat du Sud des Etats-Unis dans lequel l’activité d’extraction de gaz de schiste s’est fortement développée. Pour nombre d’observateurs, ce tremblement de terre finit de démontrer le risque sismique que font peser les techniques de fracturation hydraulique sur les territoires exploités.

Alors qu’une moyenne de 50 tremblements de terre était jusqu’à là enregistrée en Oklahoma, 1047 séismes ont secoué l’Etat en 2010. Soit vingt fois plus qu’auparavant ! L’armée américaine et l’United States Geological Survey – deux institutions qui l’on ne pourrait taxer d’intégrisme environnementaliste – ont reconnu le lien de cause à effet entre augmentation inquiétante de l’activité sismique et exploitation des gaz de schistes.

Ainsi, une nouvelle et énième tare peut être imputée à l’exploitation de ces hydrocarbures. Après les nuisances sonores, l’augmentation de la pollution atmosphérique, la destruction des paysages, la pollution des eaux et des sols, la hausse des émissions de gaz à effet de serre, voici venu le temps des tremblements de terre !

Face à l’évidence accrue des risques inhérents à l’exploitation des gaz et huiles de schistes, nous pourrions penser que les groupes de pression industriels feraient profil bas. Pourtant ceux-ci ne désarment pas, bien au contraire ! A cet égard, nous pouvons saluer la dernière initiative en date de l’Amicale des Foreurs et des Métiers du Pétrole. Le groupe de pression a mis en ligne il y a peu une « pétition pour l’exploitation des gaz de schiste ». L’Amicale avance à la fin d’un argumentaire des plus fallacieux que « produire notre gaz de schiste, c’est participer à la réduction de notre dette » ! Et de terminer ainsi : « Françaises et Français, faites nous confiance, nous savons le faire proprement. »

Proprement, c’est évident que non. Dangereusement, c’est évident que oui.

Aux Etats-Unis, la pression des lobbies privés est encore plus visible qu’en France. Voici un spot publicitaire diffusé sur Internet et à la télévision dans lequel l’industrie pétrolière se targue d’être créatrice d’emplois dans une Amérique en panne :

Vous apprécierez la conclusion : « La prochaine fois que nous découvrirons du pétrole et du gaz naturel dans nos sous-sols, pensez à toutes les conséquences positives que cela aura sur terre… »

Il est plus que temps d’arrêter cette fuite en avant absurde et dangereuse. L’intérêt général doit redevenir la préoccupation centrale de nos démocraties. Les intérêts industriels et financiers, sous couverts d’agir au nom du bien-être de tous, ne proposent qu’une logique de court terme. Ils ne doivent plus imposer leurs règles.

En l’occurrence, l’exploitation des gaz de schistes, en plus de sa dangerosité immédiate, ne fait que reporter la réflexion sur notre stratégie énergétique actuelle qui mène pourtant, selon les bons mots de Bruno Latour, à une « Apocalypse au ralenti ».

Afin de répondre à l'enjeu actuel, il est nécessaire que les citoyens se réapproprient la question énergétique. Les mobilisations contre les gaz et huiles de schiste ont ouvert une voie que les candidats à l'élection présidentielle doivent se charger de suivre. Ainsi, nous appelons à un grand débat démocratique afin que chacun s'interroge sur notre modèle énergétique et ses conséquences. Une consultation référendaire sur le nucléaire pourrait être un premier pas vers cette reprise en main citoyenne.

En attendant, France Libertés s’associe à Green Peace France qui lance une campagne intitulée « Libérons l'énergie » cet automne afin d'informer et mobiliser les citoyens et interpeller les candidats. Nous invitons tout à chacun à y prendre part à Paris ou ailleurs.


Emmanuel POILANE, Directeur de France Libertés