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Nouvelle politique de développement de l’Union européenne 2014-2020 : l’eau et l’assainissement, des absents de taille

16.07.2012


Ainsi, à l’occasion du 6ème Forum Mondial de l’Eau, M. Andris Pielbags, Commissaire européen pour le Développement, a rappelé l’engagement de la Commission européenne à renforcer son implication dans le secteur de l’eau et de l’assainissement pour la période 2014-2020, et l’importance de ce secteur vis-à-vis des questions d’énergie, de sécurité alimentaire et d’environnement.

Lors de la Journée Mondiale de l’Eau, Madame Catherine Ashton, Vice-Présidente de la Commission et Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, rappelait elle aussi le rôle clé de l’eau pour le développement humain et économique, ainsi que pour la sécurité. Ces déclarations se situent dans la lignée de la Communication de la Commission européenne « Accroître l'impact de la politique de développement de l'Union européenne : un programme pour le changement » (mars 2011) qui réaffirmait la nécessité de renforcer l’accès à l’eau et aux services d’assainissement, et nous permettait d’espérer une mobilisation supplémentaire pour le secteur de l’eau.

Par ailleurs, à la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable RIO+20, les Etats et l’Union européenne ont reconnu l’eau comme étant au cœur du développement durable, et se sont engagés à la réalisation progressive de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour tous, avec un accent mis sur les pays en voie de développement et ce, à travers la mobilisation de ressources de toute nature. L’Union européenne a même été plus loin en proposant de s’engager pour un accès universel à l’eau potable et à l’assainissement d’ici 2030, proposition non retenue dans la Déclaration finale.

Et pourtant.

La nouvelle politique de développement de l’Union européenne pour la période 2014-2020 laisse très peu de place à la question de l’eau et de l’assainissement, concentrant ses efforts sur un nombre restreint de secteurs dont l’agriculture et l’énergie, tout autant importants. Que ce soit dans les documents d’orientation de la politique ou d’élaboration des instruments financiers européens 2014-2020, et notamment de l’Instrument de Coopération pour le Développement (ICD), l’eau ne semble pas être considérée comme un secteur prioritaire, mettant en péril la possibilité d’obtenir des moyens à la hauteur des besoins.

Aussi, alors que le processus de définition des orientations de la politique de développement de l’UE est en cours de finalisation, la Coalition Eau, pS-Eau et France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand se sont mobilisés pour alerter les pouvoirs publics français, la Commission européenne et le Parlement européen sur cette absence et leur demander de soutenir le maintien des secteurs Eau et Assainissement comme l’une des priorités d’intervention de l’Union européenne.

Afin que les moyens nécessaires puissent être affectés aux besoins du secteur, il est primordial que le cadre des politiques de développement de l’Union européenne permette de continuer à accorder une place clé à l’eau et l’assainissement, notamment pour les pays et les populations les plus démunies, à savoir les pays les moins avancés (PMA), en particulier ceux d’Afrique subsaharienne, et les populations vivant en milieu rural. Rappelons que l’aide publique au développement française bilatérale est constituée à 89% de prêts (2009), qui ciblent de fait des Etats solvables et des projets nécessitant des investissements matériels importants, essentiellement dans les grands centres urbains.

Plus que jamais, les subventions apportées par l’Union européenne sont nécessaires afin de réaliser et de dépasser les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Les représentants de l’Union européenne le soulignaient il y a encore peu : "l’eau est une composante essentielle du développement". A ce titre, elle doit être considérée comme une priorité qui requiert l’affectation de fonds à la hauteur des besoins.