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Right2water : L’Europe à l’heure d’une citoyenneté active !

18.02.2014

Le parlement européen organisait le 17 février 2014 la première session de discussion de la première Initiative Citoyenne Européenne visant à la mise en place du droit à l’eau pour tous en Europe et dans le monde. Salle comble garantie pour un débat portant des valeurs essentielles pour notre avenir.

Une belle utopie portée depuis de longues années par des militants de tous bords. Une utopie qui finira avec le temps par devenir réalité. Après l’étape de l’Assemblée Générale des Nations Unies en juillet 2010, l’Europe par la voix de ses citoyens nous donne une vraie chance de sacraliser l’eau pour la vie.

La commission saura t’elle saisir cette opportunité ?

Envisagera-t-elle une approche par les droits et non par le marché ?

Alors que les membres de la commission européenne, son vice-président en tête, se félicitent de la réalisation de cette Initiative Citoyenne Européenne et que l’art de la diplomatie fait montre de toute sa finesse pour expliquer que tout va pour le mieux en Europe, les militants attendent que les demandes portées par 2 millions d’entre eux soient suivies d’actes.

Les interventions des comités de citoyens présents au parlement est plus claire : l’accès à  l’eau et à l’assainissement doit être mise en œuvre par le service public loin de tout intérêt privé pour être sûr de  garantir ces services dans une dynamique de partage et de solidarité et non dans le cadre du marché.

Si les différents groupes des parlementaires, très nombreux pour cette session, s’expriment pour saluer cette initiative, ils restent sur l’idée de « l’eau,  une marchandise pas comme les autres » et sur une volonté de partager les bénéfices pour l’eau. Il semble qu’il soit impossible pour ces élus de comprendre ce qu’est un bien commun et en quoi il est essentiel de revoir l’ensemble de notre système de valeur pour enfin parler en termes de partage et non de profit.

Seul le représentant des élus Ecologistes interpelle le vice-président de la commission en demandant que l’on arrête les discours et que l’on agisse pour le droit à l’eau en prenant des décisions en lien avec les positions des citoyens : « Monsieur le Vice-Président, vous ne pouvez pas dire « l’initiative est formidable » si en même temps vous laissez se mettre en œuvre le gaz de schiste qui met en danger notre ressource en eau ». Ce n’est qu’un exemple et ils sont nombreux.

Les citoyens demandent à la commission de modifier sa législation pour sortir de la loi du marché au moins pour l’eau et d’aller vers un engagement fort de la commission pour les droits humains en inscrivant ce nouveau droit de façon inaliénable dans la loi européenne.

Mais tout le monde ne pense pas de la même façon et on peut se demander qui manipule qui quand le représentant anglais semble oublier les réalités de l’expression citoyenne et souhaite une privatisation des services publics de l’eau. Une élue française de droite exprime elle son inquiétude quant à une guerre entre les modes de gestion. Décidément, il est difficile pour les libéraux d’entendre la voie des citoyens pour le bien commun et pour l’eau. Cela nous rappelle les déclarations de Monsieur Frérot, PDG de Veolia, qui, au lendemain du référendum italien, décriait le vote du peuple.

Pedro Arroyo, représentant le comité citoyen espagnol sait lui quelle est la situation de son pays avec la privation d’accès à l’eau de milliers de familles dans le cadre de la privatisation du service de l’eau. Cette situation ne peut plus durer, ce qui est évident pour le peuple doit l’être pour les gouvernants. Il faut demander urgemment à l’ensemble des citoyens européens ce qu’ils souhaitent concernant le droit à l’eau pour tous en s’appuyant sur les 2 millions de citoyens signataires de cette initiative.

Que les gouvernements se disent une bonne fois pour toute : N’ayons plus peur des citoyens !

De son côté, le représentant grec souhaite que la crise économique que nous traversons n’entraine pas la privatisation des services publics comme c’est le cas pour l’eau en Grèce à la demande de l’Europe. Cela aggrave la situation au lieu de l’améliorer.  Il faut redonner du sens à la politique européenne et prendre en compte la parole citoyenne notamment pour l’eau.

L’eau doit être un axe important pour les prochaines élections européennes car nous devons imaginer une Europe sociale qui prend ses distances avec les marchés financiers alors que la troika est souvent mise en cause par les députés qui sont intervenus lors de la session.

Mr Huffner, président de la commission des pétitions de l’UE, a demandé à ce que nous nous profitions de cette initiative citoyenne pour engager une vraie réforme en Europe et sortir de la prison dorée des intérêts privés pour le profit. L’Europe est en mesure de donner un signe visant à protéger la ressource en eau et ainsi éviter les guerres de l’eau à venir.

La représentante Italienne  des comités citoyens a expliqué que le mouvement est en marche et que les  remunicipalisations en sont le signe. Elle a éclairé les nombreuses remunicipalisations en Europe, en France avec Paris, aux Etats Unis, en Amérique Latine et aussi maintenant en Indonésie. Ces remunicipalisations se mettent en œuvre pour faire baisser les  coûts du service, pour rendre le service accessible à tous. La troika devrait comprendre cette réalité et faire en sorte de sortir l’eau des privatisations qu’elle impose.

Comme le commissaire Barnier a compris l’évidence en excluant l’eau de la directive européenne sur les concessions, l’Europe doit aussi entendre les représentants de citoyens qui expriment clairement la nécessité de ne pas privatiser les services d’eau et d’assainissement.

L’idéologie du bien commun doit triompher car elle est  au service de tous quoi qu’en disent les multinationales de l’eau. La commission Européenne a dans ses mains la possibilité de changer notre monde. Il nous faut aider nos parlementaires à concrétiser cette évolution essentielle pour une Europe qui deviendrait enfin plus sociale et humaniste à la demande des citoyens européens eux-mêmes.

Alors que les élections européennes approchent, les candidats n’ont plus qu’à se saisir de cette formidable opportunité  qu’il faudra mener à bien durant le prochain mandat.