Go to the main content

Veolia et Loïc Fauchon en difficultés à Constantine : le business passerait il avant le bien commun ?

13.01.2011

Loïc Fauchon assure souvent que sa double casquette ne représente aucun problème, et qu’il est à la fois capable d’assumer la promotion de l’eau comme bien commun, tout en multipliant marchés et profits pour sa société. Pourtant les faits peuvent venir contredire ce point de vu. 

Depuis maintenant de longs mois, nous n’avons de cesse d’éclairer le conflit d’intérêts patent de Monsieur Loïc Fauchon qui occupe à la fois les fonctions de PDG de la Société des Eaux de Marseille (SEM) filiale de Veolia et la Présidence du Conseil Mondial de l’Eau (CME).

Pourtant, Monsieur Loïc Fauchon m’a affirmé que ses deux casquettes ne représentaient en aucun cas une difficulté. Il prétend pouvoir être à la fois militant de l’accès à l’eau pour tous et assurer son rôle de PDG d’une Filiale de Veolia, multinationale leader mondial du secteur privé de l’eau.

D’après le Service central de prévention de la corruption, (Rapport de 2004). Un conflit d’intérêts naît d’une situation dans laquelle une personne employée par un organisme public ou privé possède, à titre privé, des intérêts qui pourraient influer ou paraître influer sur la manière dont elle s’acquitte de ses fonctions et des responsabilités qui lui ont  été confiées par cet organisme.

Je conçois sa volonté d’œuvrer pour le bien commun. Je ne peux cependant m’empêcher d’y déceler un conflit d’intérêts. Les échos de certains acteurs de ce secteur d’activité ont tendance à renforcer mon impression. L’actualité nous en offre encore un exemple qui replace dans son contexte une déclaration du Ministre des Ressources en Eau d’Algérie concernant les différents délégataires qui opèrent dans son pays.

Je voudrai attirer votre attention sur un passage particulièrement révélateur qui parle de la filiale de Veolia dirigée par Monsieur Loïc Fauchon : « Le bilan semble en revanche négatif à Constantine où la gestion de l’Alimentation en Eau Potable (AEP) s’opère en partenariat avec la Société des Eaux de Marseille (SEM).  Les objectifs fixés n’ayant pas été atteints, les pouvoirs publics ont lancé une mise en demeure à la Société des Eaux de Marseille ».

Vous pouvez par ailleurs trouver plus de renseignements sur ce sujet dans ces deux articles, le premier détaillant les difficultés subies par la ville, et le second rappellant l’historique de cette histoire qui a commencé en 2009.

Malgré son ambition « humaniste », il apparaît que le PDG de la Société des Eaux de Marseille n’ait pas mis en œuvre tous les moyens nécessaires, si ce n’est pour apporter de l’eau à tous, au moins pour atteindre ses objectifs contractuels.

Cette mise en demeure prouve donc que la SEM n’est pas aussi efficace et irréprochable qu’on veut bien nous le faire croire et que, sur ce dossier, Monsieur Loïc Fauchon ne joint pas les actes à la parole.

Devant ces difficultés avérées et afin de ne pas mettre en péril ses fonctions de PDG de la SEM, je ne peux qu’engager Monsieur Loïc Fauchon à écouter notre appel et à démissionner, au choix, d’une de ses deux fonctions et ainsi remplir pleinement le rôle qu’il aura choisi, lui-même, loin de tout conflit d’intérêts.

Cette nouvelle serait hautement symbolique pour la politique de notre Bien Commun vital. Nous appelons tous les acteurs de l’eau à privilégier une attitude qui puisse permettre à l’Humanité d’envisager enfin l’accès à l’eau pour tous comme une priorité du nouveau millénaire, et non plus comme une dynamique économique financiarisée comme une autre.

La démission de Monsieur Loïc Fauchon, à son initiative, pourrait être le premier pas d’un nouvel élan pour l’Eau !

 

Emmanuel POILANE, Directeur de la Fondation France Libertés